La tradition taoïste est un des trois piliers, avec le confucianisme et le bouddhisme, de la pensée chinoise. Cette pensée séduit nos esprits occidentaux en partie parce qu'elle n'est pas teintée d'épisodes traumatisants de notre enfance, et aussi en raison de sa souplesse intrinsèque : elle se prête favorablement à des interprétations concordant avec nos opinions personnelles.
Pour gouverner un grand royaume, (on doit) imiter (celui qui) fait cuire (1) un petit poisson
Le maître éminent se garde de paroles
Et quand son oeuvre est accomplie et sa tâche remplie
le peuple dit: "Cela vient de moi-même"
En philosophie, traiter de politique, en tant que relation de pouvoir entre êtres humains, fut une façon de véhiculer une sagesse utile, tout en l'intégrant dans une explication du monde pouvant satisfaire notre recherche de sens
Le livre du principe et de son action, du fondateur du Taoïsme, défie nos réflexes intellectuels fondés sur le bon sens et les croyances habituelles. Le Tao est la nature de tout: il est vide, muet et sans limites. "Le Tao en s'accumulant se charge d'efficace". Bref, tout ce qui est agit comme le Tao est voué au succès. Tandis que ce qui s'en éloigne se dirige vers l'échec
Le principe ultime du Tao est le non-agir. Ainsi, on dit que le dirigeant qui gouverne un État de façon discrète, sans brusquer le peuple et sans multiplier les décrets et les lois, est destiné au succès. En revanche, celui qui s'agite court à sa perte.
Même chose pour celui qui cherche à diriger les hommes pour réaliser ses projets. En adoptant les principes taoïstes son oeuvre sera couronnée de succès. Surtout que tous ceux qui l'auront appuyé finiront par croire que toutes leurs actions et leurs décisions venaient d'eux-mêmes (et pas du maître)
sources
- Lao-Tseu, Tao-tö king, LX
- Jean Levi, "Han-Fei-tse ou le Tao du Prince", chapitre "Commentaire de Lao tse"