Imaginez entrer dans une maison inconnue et d'emblée vous constatez qu'il manque une marche à l'escalier principal. Vous vous inquiétez à voix haute du danger que ça représente. Mais l'hôte vous fait taire :
"Ouais... On sait que ce n'est pas sécuritaire, mais tous les résidents de la maison ont pris l'habitude de prendre une plus grande enjambée pour éviter le trou. En fait: on n'a jamais eu de problème ! Tu n'as qu'à faire attention."
La métaphore de la marche manquante
évoque une situation problématique tacitement acceptée par une communauté au lieu d'être corrigée. On attribue sa caractérisation au blogue The Pervocracy dans un article traitant de la tolérance envers un prédateur sexuel avéré dans une communauté x.
La métaphore ne se limite pas au silence et l'inaction d'une communauté face à des actes criminels. On peut parler de la marche manquante
dans différents contextes :
- Un ami a l'habitude d'emprunter de l'argent sans jamais le remettre;
- Un collègue au travail ne termine jamais les tâches qui lui sont confiées;
- Une partie de votre système informatisé repose sur du code qu'un seul employé est en mesure de comprendre.
Comment reconnaître ce genre de situation ?
C'est une situation connue de la plupart des gens du groupe. Quand une nouvelle personne s'y joint, soit elle est surprise par la situation, soit un initié lui transmet l'infâme information en suggérant de fermer les yeux.
Le groupe est en mesure de fonctionner normalement car ses membres ont développé une solution de contournement au problème.
Pourquoi est-ce un problème ?
Il s'agit de la tragique question de la vérité et de la justice. Affronter le problème demanderait plus d'énergie et de courage que tolérer le statu quo. Toutefois, il s'agit d'un mensonge qui fait des victimes. Au lieu de blâmer la négligence et la paresse des propriétaires de la maison à la marche manquante, la communauté est amenée à blâmer la personne n'ayant pu éviter le trou. La victime devient le coupable.
Absurde et tragique. Non?